N°762

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Max Euwe (à g.), le champion du monde qui a détrôné Alekhine, en compagnie de Rossolimo (au centre) et O’Kelly.

Albéric O’Kelly vainqueur en 1946.

Tal (debout à d.), une figure légendaire au carnaval de Beverwijk.

Une semaine plus tard, les organisa teurs ont insisté pour me demander si j’acceptais. Ma réponse était attendue. Bien sûr, j’étais flatté. Je leur ai dit : « Si vous me faites confiance, c’est un hon neur et j’accepte. » C’était la première année que Kasparov jouait. Je pense qu’ils en avaient parlé sans me consulter. Ils se sont dit : s’il arrive à gérer Kasparov, on lui proposera le poste de directeur de tournoi. Les deux années suivantes où Kasparov a joué, j’étais devenu le directeur, j’avais passé le test ! Garry Kasparov a joué trois fois en gagnant à chaque fois. Je n’aurais pas pu avoir un meilleur professeur que lui, il n’est pas commode. La première fois, je n’avais que 36 ans. Par la suite, lorsqu’il avait arrêté de jouer, lors d’une conférence, Garry était content de me revoir. Je lui ai rappelé cette histoire, qu’il était mon meilleur professeur pour le métier d’organisateur, ce qui l’a fait beaucoup sourire. Lors de sa première participation, Garry était un gentleman, poli et coopératif. L’année suivante, tout le contraire. La troisième année fut la plus difficile car il était les deux à la fois, un jour aimable, un jour râleur. Maintenant, je raconte cette histoire avec le sourire, mais à vrai dire c’était un excellent examen dans ma formation de directeur de tournoi. Après avoir eu trois fois Garry Kasparov, le champion du monde du moment, tout m’a paru beau coup plus facile par la suite. Cela fait maintenant 27 ans que je dirige le tournoi. Depuis que ce tournoi existe avec une pre mière participation du 5 e champion du monde de l’histoire, Max Euwe (1901-1981), tous les champions du monde ont participé. Avez-vous rencontré Max Euwe ? Oui, mais sans qu’il s’en rende compte... En 1979 ou 1980, peu avant sa mort,

j’étais invité à la cérémonie d’ouverture du championnat des Pays-Bas où j’avais pour tâche de déplacer les pièces sur les échiquiers de démonstration. Je me suis trouvé à côté de lui, un homme très grand, si proche que je pouvais le tou cher comme je l’ai dit à mes amis. Euwe, c’était notre héros à tous. J’avais 17-18 ans et c’est l’unique fois que je l’ai vu. Euwe a gagné le tournoi plusieurs fois ? Oui, à quatre reprises. Je dois préciser qu’un seul champion du monde n’a pas joué à Wijk aan Zee, le champion améri cain Bobby Fischer. Et savez-vous pourquoi Fischer n’a jamais joué aux Pays-Bas ? Fischer avait cessé de jouer en 1972, je ne l’ai jamais rencontré et je n’étais pas encore impliqué dans l’organisation. Toutefois, Piet Zwart, une personne fort chaleureuse, a rencontré plusieurs fois Bobby Fischer et a essayé de l’inviter aux Pays-Bas. Fischer appréciait Piet Zwart et ils étaient proches, ce qui était très important. Sans cela, on ne pouvait pas approcher Bobby. Ils ont entamé des discussions pour sa participation, ensuite Bobby a exigé plusieurs choses et finale ment les pourparlers se sont terminés sans aboutir. Tous les champions de l’ex-URSS ont gagné, pour certains plusieurs fois, le tournoi de Wijk aan Zee. Botvinnik, Tal, Petrossian, Spassky, Karpov, Kasparov. Avez-vous un souvenir particulier ? J’ai rencontré Mikhaïl Botvinnik lors d’une fête d’anniversaire organisée par Bessel Kok à Bruxelles. Il y avait une longue file d’attente pour pouvoir le saluer. Une année après, il était mort. Boris Spassky, je ne l’ai pas rencontré ici, mais dans un autre tournoi que j’ai

Tal était quelqu’un de très gentil, aima ble avec tout le monde, y compris les “boardboys”. À l’époque, pendant la journée de repos, il y avait des tournois blitz pour les amateurs. Premier prix : une bouteille de vin ! Tal a joué et gagné toutes ses parties, 16 sur 16. Il s’en nuyait pendant son jour de repos. Tal a gagné la bouteille et rendu heureux tous ses adversaires. organisé. J’ai connu Mikhaïl Tal en tant que « boardboy » et, à son propos, je peux vous raconter une anecdote. Tal était quelqu’un de très gentil, aimable avec tout le monde, y compris les « boardboys ». À l’époque, pendant la journée de repos, il y avait des tournois blitz pour les amateurs. Premier prix : une bouteille de vin ! Tal a joué et gagné toutes ses parties, 16 sur 16. Il s’ennuyait pendant son jour de repos. Tal a gagné la bouteille et rendu heureux tous ses adversaires. Tal aimait bien le vin, mais encore plus le gin tonic, surtout le gin. Il y avait un casino ici, qui a fait faillite par la suite. Tous les soirs, Tal y allait et buvait son gin tonic. Normalement, il était interdit de consommer de l’alcool au casino. Les propriétaires, qui étaient Yougoslaves, le connaissaient et ont fait une exception pour lui. Parfois, quand il avait trop bu, ils ont dû le ramener à l’hôtel. La dernière ronde, commençait à 10h30 à cause des ajournements à l’époque, et tout le monde pouvait remarquer que Tal avait passé une nuit difficile. Son jeune adversaire, le GMI

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