N°762

LES T PS DU TATA STEEL...

© DARIUSZ GORZINSKI.

Nodirbek Abdusattorov, le chef-d’œuvre inachevé L’Ouzbek adore ce tournoi et rêve d’inscrire son nom au palmarès. Il est jeune, bien sûr, et il est désormais cer tain qu’il aura encore de nombreuses chances de réussir. Mais une sorte de malédiction plane désormais sur lui. Il est souvent leader à quelques rondes de la fin, mais il a pris la mauvaise habitude de rater le sprint final, et pas seulement à Wijk aan Zee. Sa défaite face à Erigaisi à la 12 e ronde fut un crève-cœur, mais il gâcha un avantage gagnant face à Keymer à la 11 e et ne trouva jamais les ressources pour pren dre l’avantage face à Harikrishna à la 13 e . Reste cette ambition admirable. Abdusattorov joue tous les tournois pour les gagner. À 20 ans, il ne doute pas que les “montagnes russes du money time ” tourneront un jour en sa faveur. Résultat : +7 points Elo. g © LENNART OOTES / TATA STEEL CHESS. © LENNART OOTES / TATA STEEL CHESS. Wei Yi, en mode pacifique... Le Chinois défendait son titre dans un contexte survolté. Il n’ignore pas la combativité extrême des nouveaux prodiges. Il savait qu’il devait appuyer sur l’accélérateur non-stop pour espé rer signer un doublé de prestige. Il enchaîna les nulles et se contenta d’une victoire à la 8 e ronde contre Warmerdam. Cette victoire sans saveur tint d’ailleurs à un fil en finale (+1 =12). On peut se poser la question sur son degré de motivation. Wei Yi a été diplômé en 2024. Il avait mis sa car rière entre parenthèses. Il n’a ensuite joué que la Ligue chinoise, la Bundesliga et la coupe d’Europe des clubs. C’était clairement insuffisant pour disputer les combats de feu de cette 87 e édition. Résultat : Elo inchangé. g

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Les Indiens en état de grâce ! Leur force collective est impression nante. Comme au temps des cham pions de l’ex-URSS, il était quasiment inéluctable que l’un d’entre eux triomphe. On peut parler d’hégémonie. Longtemps, on a cru que Gukesh étrennerait son titre de champion du monde en s’imposant pour la 1 re fois dans le temple des échecs classiques. C’était sans compter sur la fureur de vaincre de son ami et rival de Chennai. Après un milieu de tournoi fade, Pragg recolla au score en signant trois victoires d’affilée (aux rondes 10, 11 et 12), avant de s’imposer au tie-break. Arjun Erigaisi leur donna un sérieux coup de main à la 12 e ( cf. ci-après les flops ). Harikrishna (6,5/13) et Mendonca (5, en photo ci-dessus), néophyte à ce niveau, ont pu apprécier la puissance de feu de leurs compa triotes. g

Vladimir Fedoseev, le coup de maître du néo-Slovène Il ne craint pas les températures extrêmes, même s’il s’est exilé en Espagne. Il joue aujourd’hui pour la Slovénie et fut le seul joueur “autour de la trentaine” à contester la domina tion des super prodiges. Il annula avec Dommaraju Gukesh (ronde 2) et Nodirbek Abdusattorov (ronde 8), mais il perdit une partie critique pour le podium, voire pour le titre, face à Pragg à la 10 e ronde. Après avoir chuté à nouveau face à Leon Luke Mendonca, il conclut son excellent tournoi avec 1,5/2. Fedoseev a réussi son pari de s’imposer parmi l’élite. Résultat : + 17 points Elo ! g

ET LES FL PS !

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Arjun Erigaisi, le Super GMI à double facette !?

Fabiano Caruana, l’âge caduc ? L’Américain était tête de série n°1. À 32 ans, il pouvait espérer un 2 e titre, après sa victoire en 2020. Mais il faut croire qu’il n’est pas vraiment à l’aise à Wijk aan Zee. C’est peut-être dû à la longueur du tournoi. On peut d’ailleurs se demander si sa force ne décline pas lorsqu’il s’éloigne de son cocon de Saint-Louis et du confort habituel du Grand Chess Tour. Il fit illusion dans les premières rondes, mais sa gestion du tournoi connu un coup d’arrêt brutal à la 5 e , après une gaffe en finale face à Fedoseev. Il navigua ensuite entre deux eaux, avant de s’écrouler. Sa défaite face à Pragg à la 11 e pouvait être com préhensible, vu la volonté de vaincre de l’Indien, mais il chuta à nouveau à la 13 e face à Warmerdam (2646). Résultat : - 20 points Elo. g

Il était tête de série n°2, mais il débuta par 4 défaites et 7 nulles. Qui aurait cru qu’il fut le “client désigné” du tournoi ? Décidément, il a un problème psychologique lorsqu’il joue le Masters. En 2023, il avait déjà balbutié ses échecs et avait fini 14 e (=8 -5). En 2025, son jeu fut à nouveau catastro phique, avec un total cumulé de 24 parties sans la moindre victoire à Wijk aan Zee. Qui aurait cru que le phénix indien serait “l’arbitre” de la fin du tournoi ? À la 12 e , il élimina Abdusattorov de la course au titre en le battant avec les Blancs. À la dernière, il domina Gukesh avec les Noirs, pri vant le champion du monde de son 1 er sacre. Résultat : - 24 points Elo. g

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