N°762

PRINCIPES INDÉMODABLES LES PIONS PENDANTS À LA LOUPE (1) CAHIER PÉDAGOGIQUE

ce qui, comme nous l’avons dit, avantage les Blancs. Ils sont désormais capables de mettre la pression sur les pions c5 et d5. Comme le veut la règle, Korchnoi va naturellement placer ses Tours face aux pions pendants. Le plan du joueur attaquant est le suivant : les Tours sont placées face aux pions sur les colonnes « c » et « d ». La Dame doit être positionnée de manière à attaquer au moins l'un des pions. Comme la pression exer cée par les pièces lourdes est rare ment suffisante, les pièces mineures doivent aussi participer à l’attaque. Romuald De Labaca 16. r c1 h d7 17. r c2! Tenant compte du potentiel dynamique des pions pendants, Korchnoi protège son b e2 et prévient la poussée d5-d4. 17... r ab8 18.b3!? Un coup typique pour tuer toute tenta tive de contre-jeu sur la colonne « b ». Notons que Korchnoi a attendu que Geller retire sa Tour de a8 pour jouer ce coup afin d’éviter un potentiel contre-jeu basé sur la poussée a5–a4. 18... q e6 19. r d1 q b6 20. h e1! Une manœuvre classique. Le Cavalier se dirige vers f4, via d3, afin d’aider les pièces lourdes à mettre la pression sur les pions pendants. Le b e2 pourra s’activer en f3, voire g4, pour partici per à leur attaque. Le tentant 20. h e5? pour échanger une pièce et affaiblir un peu plus les pions pendants se heurterait au thématique 20...d4! 21.exd4 cxd4 qui gagne après 22. h xd7 (si 22. q xd4 h xe5 23. q xe5 q g6) 22... q g6. 20... r bc8 21. b g4!

OBJECTIF SIMPLIFICATION ! Le camp qui possède un avantage spa tial cherche généralement à éviter les échanges. C’est pourquoi, lorsqu’on joue contre des pions pendants, il faut chercher à simplifier, afin que leur potentiel dynamique diminue. Romuald De Labaca I l s’agit des pions c4 et d4 pour les Blancs et c5 et d5 pour les Noirs. Ils sont dits « pendants » car il n’y a pas de pions sur les colonnes « e » et « b » pour les soutenir. Cette structure apparaît fréquemment dans beaucoup d’ouvertures, comme la Grünfeld, la Nimzo-Indienne, l’Ouest-Indienne ou encore le gambit Dame. Il est fonda mental de connaître les plans typiques des deux camps afin de la maîtriser au mieux. Dans le prochain numéro, nous étudie rons leurs nombreux avantages et leur potentiel, mais les pions pendants peu vent aussi être une faiblesse dans cer tains cas. C’est l’objet de notre premier article. Pour comprendre leurs points faibles, il est essentiel de clarifier quelques concepts fondamentaux liés aux positions avec un avantage spatial, ce que nous allons faire. En pratique, on lutte contre les pions pendants en utilisant trois méthodes principales : 1. Pression des pièces. 2. Attaque latérale par l’avancée b2-b4. 3. Attaque centrale par l’avancée e3-e4. Avant d’aborder leur étude, il est utile de clarifier ce qui caractérise les pions pendants. De manière générale, il s’agit d’un duo de pions situés côte à côte sur les colonnes « c » et « d ».

© EUROPE ECHECS.

Viktor Korchnoi en 1972.

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PRESSION DES PIÈCES C’est la stratégie la plus fréquemment employée contre les pions pendants. Elle est particulièrement efficace lorsque des pièces mineures ont déjà été échangées et qu’ils subissent la pression des pièces lourdes. Voyons comment ce plan a été appliqué par le légendaire Viktor Korchnoi dans sa partie contre Efim Geller. V. Korchnoi – E. Geller Gambit Dame refusé (D58) Moscou 1971 Quart de finale des Candidats (ronde 5)

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Deux pièces mineures ont été échangées,

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