N°762
UN TOURNOI AU BANC D’ESSAI UN TOURNOI “BLITZ SOCIETY” DANS UN CADRE 5 ÉTOILES
B onjour Monsieur, laissez-moi prendre vos effets » me dit-on quand j’entre dans l’hôtel 5 étoiles « Monsieur George », à deux pas des Champs-Élysées. Comme avec ses clients fortunés, le personnel se montre très serviable avec les joueurs d’échecs qui débarquent pour le tournoi organisé par le bar Blitz Society, en partenariat avec l’hôtel. Vincent Riff, organisateur de l’évènement, dit être « ami avec le directeur, qui adore les échecs » et estime que « c’est à la mode de faire ce type d’évènements dans des hôtels ». Ce dimanche 26 jan vier, pour la troisième édition de ce tournoi pas comme les autres, une vingtaine de pousseurs de bois s’af frontent en cinq rondes de 10 minutes K.O. dans un cadre luxueux, au rythme d’une petite musique relaxante. D’emblée, l’ambiance est détendue et la première partie ne commence que 30 minutes après l’heure d’arrivée exigée. Histoire de s’installer, observer, papo ter, feuilleter Le Figaro du jour mis à disposition ou déguster des pâtisseries. En effet, en plus du salon aux couleurs sombres et à l’allure chic, un espace “tea time” est réservé aux joueurs. Jus d’oranges pressées et sucreries haut de gamme – exquises au demeurant – sont en libre-service. Ce privilège culinaire s’explique par le prix de l’inscription pour l’après-midi : 40 euros. Un tarif élevé mais à nuancer au regard des récompenses à la clef des cinq parties : le vainqueur et le meilleur des moins de 1700 Elo auront la chance de retour ner à l’hôtel 5 étoiles pour une nuitée et un petit-déjeuner pour deux, et le dauphin pourra manger une raclette pour deux dans un autre hôtel de luxe. Esprit assez peu compétitif Moi aussi, je suis venu participer pour tenter ma chance et profiter de cette “expérience” comme Vincent Riff aime l’appeler. Je n’ai aucune idée pré conçue du niveau des participants, je viens en touriste. En consultant la liste des inscrits, je suis surpris d’être le pre Le bar Blitz Society a organisé le dimanche 26 janvier son troisième tournoi mensuel à l’hôtel 5 étoiles “Monsieur George” à Paris. Une expérience unique au tarif élevé et aux récompenses alléchantes.
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© ANTOINE ELLIS.
Derrière la zone de jeu, les participants peuvent profiter d’un “tea time” proposé par l’hôtel.
mier Elo. L’organisateur rappelle que le Grand-Maître Christophe Sochaki avait participé à l’édition précédente, mais que le niveau n’est globalement pas très relevé. « Le but est de faire jouer des joueurs amateurs qu’on ne voit pas forcément au Blitz Society. Ils sont moins compétiteurs, souvent pas licenciés dans un club (le tournoi n’est pas homologué FIDE, ndlr) » explique t-il. La formule convient à Kirill Zheleznov, joueur occasionnel et com mercial russe, à Paris entre deux mis sions au Soudan et en Géorgie. « C’est le seul tournoi auquel mon emploi du temps me permet de participer » confie-t-il. Dans un esprit assez peu compétitif, comme le décrivait Vincent Riff, Benjamin Budet, habitué du Blitz Society et classé autour des 1700 Elo, est venu « plus pour le cadre que pour le tournoi ». « C’est l’occasion de jouer dans un endroit atypique » ajoute-t-il. Je sais donc à quoi m’en tenir, et j’ai pu enchaîner les victoires assez aisément. “Tarif raisonnable” Kirill et Benjamin n’ont pas été rebutés par les 40 euros d’inscription, tarif qu’ils trouvent « normal », même si le Russe s’attendait à « un cadre plus chic » et le Français est « déçu de la qualité des échiquiers » trop basiques pour l’occasion. Ce dernier conclut : « C’est un tournoi à faire une fois mais sûre ment pas régulièrement ». Vincent Riff entend continuer de l’organiser men
suellement, pour permettre à de nou veaux amateurs de tester un « one shot ». Le Mulhousien d’origine est conscient que « forcément, des gens ne viennent pas à cause du tarif » mais estime que ce dernier est « raisonna ble » au vu de « l’expérience, le tea time et le cadre extraordinaire sur les Champs-Elysées ». Et puis, tout est plus cher à Paris et les échecs ne font pas exception à la règle. Plus cher, plus petit et plus compliqué : « c’est très difficile d’organiser un grand tournoi tout public à Paris, les locations de salles sont chères et il faut réserver un an à l’avance » élabore-t-il. Même si de toute évidence, l’image que renvoie cet évènement, aussi luxueux et réussi soit-il, est loin de l’idée des « échecs pour tous » à laquelle Vincent Riff dit être très sensible et dont il pourrait dis cuter des heures. « Je ne vois pas pour quoi on ne devrait pas saisir ce genre d’opportunités » relativise-t-il. De mon côté, j’ai su saisir la mienne pour finir en tête de ce tournoi atypique avec 5 points sur 5. Winner takes it all ... g A NTOINE E LLIS Vincent Riff entend continuer d’orga niser ce tournoi mensuellement, pour permettre à de nouveaux amateurs de tester un “one shot”.
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